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La France finance la Russie malgré les sanctions: les enjeux géopolitiques

La France finance la Russie malgré les sanctions: les enjeux géopolitiques

Malgré les sanctions internationales, la France continue de financer la Russie de manière indirecte en important des engrais fabriqués à partir de gaz russe. Cette pratique soulève des questions complexes et des enjeux géopolitiques importants.

Depuis 2019, l’Union européenne maintient un niveau stable d’importations d’engrais azotés en provenance de Russie, contrairement à d’autres produits dont les importations ont diminué. La France, en particulier, a vu ses importations de ces engrais augmenter, témoignant d’une dépendance croissante. En 2022, la France a dépensé plus de 199 millions d’euros pour ces engrais, un chiffre qui a déjà dépassé les 109 millions d’euros en 2023.

Les producteurs européens d’engrais critiquent ce qu’ils considèrent comme une manière de contourner les sanctions sur le gaz russe. En effet, le gaz naturel est essentiel à la production d’ammoniac, l’élément principal des engrais azotés. Avec le gaz représentant plus de 80 % des coûts de production de l’ammoniac, les exportations russes d’engrais azotés deviennent un moyen indirect pour la Russie de tirer parti de son gaz naturel. Cette situation permet à la Russie de renforcer ses ressources financières, utilisées également dans le contexte de la guerre en Ukraine, tout en préservant une position stratégique sur le marché mondial des engrais.

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Jusqu’à récemment, les engrais étaient exemptés des droits de douane et des sanctions de l’UE en raison de leur importance pour la sécurité alimentaire mondiale. Cependant, les États membres de l’UE ont décidé d’imposer des droits de douane élevés sur les produits agricoles russes à partir du 1er juillet. Malgré cette décision, les engrais restent exclus de ces nouvelles restrictions. En 2020, la Russie représentait 16 % du commerce mondial d’urée, un engrais azoté essentiel, mettant en lumière son influence significative sur ce marché.

Le maintien des importations d’engrais russes suscite des débats stratégiques en France. Alors que l’Assemblée nationale intègre le concept de « souveraineté alimentaire » dans la législation, des questions émergent sur la dépendance de l’agriculture française à des facteurs de production étrangers, notamment ceux provenant de fournisseurs peu fiables comme la Russie.

La possibilité que la Russie décide à tout moment de réserver son azote pour sa propre production de céréales, qu’elle cherche à exporter massivement, ajoute une couche supplémentaire d’incertitude.

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