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Afrique: Chine et Russie vs Occident, rivalité géopolitique en expansion

Afrique: Chine et Russie vs Occident, rivalité géopolitique en expansion

L’Afrique est devenue un terrain de jeu géopolitique majeur pour les grandes puissances mondiales. Après des années de négligence post-coloniale, le continent attire à nouveau l’attention des acteurs internationaux en raison de ses ressources naturelles abondantes, de sa population dynamique et de son potentiel économique croissant. Cette nouvelle ruée vers l’Afrique s’inscrit dans un contexte de compétition mondiale accrue, où chaque puissance cherche à étendre son influence et à protéger ses intérêts stratégiques. Les États-Unis, l’Union européenne, la Chine et la Russie rivalisent désormais pour établir des liens privilégiés avec les nations africaines, en utilisant toute une gamme d’outils diplomatiques, économiques et sécuritaires pour devenir des partenaires de choix.

Dans cette course à l’influence, la Chine et la Russie ont adopté des stratégies distinctes mais complémentaires. Selon un rapport récent de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), la Chine mise principalement sur une approche économique, symbolisée par son initiative des nouvelles routes de la Soie. Cette stratégie se traduit par d’importants investissements dans les infrastructures et le commerce, plaçant la Chine en tant que premier partenaire commercial de l’Afrique avec des échanges valant 282 milliards de dollars en 2022. Pour protéger ses intérêts croissants et sa diaspora de plus d’un million de personnes sur le continent, la Chine a déployé plus de 20 entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD) dans près de trente pays africains.

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D’autre part, la Russie adopte une approche plus directe et militarisée. Selon le rapport de la FRS, Moscou s’appuie largement sur des sociétés militaires privées, notamment le groupe Wagner, rebaptisé Africa Corps après le décès de son fondateur Evgueni Prigojine. Ces entités, situées entre le secteur privé et l’étatique, permettent à la Russie de projeter son influence à moindre coût, tout en maintenant une certaine ambiguïté sur son engagement direct. L’Africa Corps, supervisé par le ministère de la Défense russe, illustre la volonté de Moscou de contrôler plus étroitement ses opérations en Afrique.

En réaction à ces évolutions, l’approche occidentale en Afrique est critiquée. Souvent accusés de néocolonialisme et de conditionnalité excessive de leur aide, les pays occidentaux ont du mal à changer leur image et leur stratégie sur le continent. Leurs interventions militaires, comme en Libye ou au Sahel, sont souvent perçues comme déstabilisatrices, alimentant un sentiment anti-occidental dans certaines régions. De plus, la tendance à privilégier les intérêts économiques et sécuritaires à court terme au détriment d’un véritable partenariat de développement a érodé la confiance de nombreux pays africains envers les puissances occidentales.

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Cette compétition entre la Chine, la Russie et l’Occident dessine une nouvelle carte des influences en Afrique. Alors que la Chine mise sur une expansion économique prudente, la Russie opte pour une présence plus musclée dans les zones de conflit. L’Occident, quant à lui, cherche à redéfinir son engagement sur le continent. L’avenir des relations internationales en Afrique dépendra de la capacité de ces acteurs à adapter leurs stratégies aux aspirations des nations africaines, qui cherchent des partenariats équilibrés pour favoriser leur développement autonome et leur sécurité à long terme.

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